Silence
Rien. Plus rien. Plus rien que mes pensées qui tournent sur elles mêmes et qui s'évanouissent dans le néant des journées vides de toi, vide de ta vie, que j'aimerai faire mienne, et qui s'enfuit.
J'ai appelé notre connaissance commune qui n'a pas non plus de nouvelles de toi. Je sais que ton téléphone ne marche plus, je n'ose laisser un message, malgré mon inquiétude et mon envie, car je sais que ton mari peut les lire.
Sans amour, qu'est-ce que la vie ? une musique sans parole, un dessin sans lumière. Je pense à toi avec tellement de force que je peux continuer à te sentir près de moi. Dans le train, j'avais l'impression que tu posais ta tête sur mon épaule, que tu me prenais la main, sans rien dire, juste complice.
Silence. Ton avenir se joue en ce moment. Supporteras-tu indéfiniment cette prison de verre? Jusqu'où ira le sacrifice de toi même pour protéger tes enfants des aléas de la vie, de la vie d'un couple où il est seul à t'aimer?
Sans conjugaison, ce verbe n'est rien de plus ou de moins qu'un égoïsme.
Je crois de mon côté, que ma femme et moi battons des records d'économie de parole l'un envers l'autre.
Je ne tiendrais pas longtemps à ce jeu là. Mais sa mère se meurt, je suis incapable de la laisser seule avec cette peine et cette charge.
Il faut courber l'échine, rentrer le cou dans les épaules, notre temps est à l'orage, à la tempête.
Mais cet amour qui nous traverse est une ressource, une eau de vie précieuse. Si tu me lis, garde là bien au creux de ton coeur. Nous pourrons passer grâce à cela le plus fort de l'hiver.
Je t'aime et me laisse porter par cet élan extraordinaire de ferveur et de foi. Je crois en toi, en cet amour qui ne s'était pas éteint en 27 années de sommeil. j'attends, j'attends, en silence...